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Photo du rédacteurJulien Gaüzère Auteur

Tu seras toujours là (Chronique #132)


30 Avril 2018,

La vie est pleine de surprises… Il m’est arrivé de la trouver sombre et injuste… Et pourtant… Les chemins que j’empreinte aujourd’hui sont lumineux et optimistes.

J’ai tant de choses à dire ces derniers mois… Tout est prétexte à l’écriture : une belle journée, une rencontre, un paysage… J’ai la sensation d’avoir retrouvé ma route… Mon chemin. Ces derniers jours, je redécouvre les chroniques d’une époque plus sombre, où écrire était une douleur… Du temps où je pensais que tenir ta main allait suffire à te garder près de moi. J’aimerai tellement que tu sois encore là… Que tu puisses voir les beautés de La Tuque, du Québec… J’aimerai que tu saches que j’écris à nouveau. Quelques fantômes du passé viennent agripper mon coeur. Jamais je n’aurais cru que j’arriverais à parler de toi avec sérénité… Pourtant, à l’école, j’ai trouvé une vraie famille pour soigner mes blessures et me confier… Car l’écriture ne soigne pas toutes les douleurs… Parfois il faut savoir parler pour renaître…

Je ne pourrai jamais oublier ce moment… Cet instant furtif, violent et destructeur.

Celui qui vous arrache tout. Sans prévenir.

Celui qui vous reprend le bonheur et vous abandonne… perdu, déconstruit et incertain.

La douche brulante sur ma peau ce matin là. Cette eau bouillante qui a ruisselé pendant des heures sur mon corps tremblant et orphelin.

Assis là, silencieux, tétanisé… Je réalisais que la mort venait de traverser la maison tel un courant d’air… Et tu l’as suivi… Pourquoi ?

Je t’ai vu te battre plus d’une fois… Avec ton sourire, fort, convaincu et convaincant.

Celui qui tu aimais arborer pour me narguer. Souvent.

Celui qui camouflait tes douleurs et tes doutes… Persistants, envahissants et assassins.

Je l’ai vu disparaître ce sourire, chaque jour un peu plus. J’ai vu ta peau se marquer, tes cernes s’accentuer sans rien pouvoir faire.

J’avais beau tenir ta main… Je réalisais que tu te laissais glisser, qu’il n’y avait plus de combats et que tu étais serein avec ça… Pourquoi ?


Paris a tellement changé après ton départ.

C’est devenu une ville sombre, monotone et violente.

J’ai longtemps cru te revoir dans les boulevards ou à la terrasse des cafés… dans une soirée bien arrosé ou au comptoir d’un bar, comme la première fois.

J’ai finis par changer… Je n’aurai jamais cru devenir allergique à la ville. J’ai retrouvé l’apaisement que je cherchais...

Jamais je n’aurai cru, qu’un jour je quitterai Paris pour le Québec. Pourtant je l’ai fait… Pour ma nouvelle vie.

J’ignorais à quel point ton absence allait bouleverser la suite de ma propre histoire.

Un bout de moi est parti avec toi. Une part de folie, de rêves et de rire.

Je suis devenu silencieux, distant et mystérieux.

Pour beaucoup de gens, j’inspire l’ennuie et la platitude. Je suis invisible, inintéressant. Je n’arrive plus à m’ouvrir aux autres… J’ai peur de l’attachement et d’offrir ma confiance.

J’ai longtemps pensé que je m’étais relevé et que tout allait bien… En réalité j’étais toujours sous cette douche brulante… Immobile et déconstruit.

Ici, au Québec, je respire à nouveau.

Tu serais tellement fier de savoir que j’ai recommencé à écrire, que l’inspiration est revenue. Les paysages que je côtoie au quotidien sont une source intarissable d’histoires et de poésies. Je relève de nouveaux défis aussi bien littéraire que personnel.

Je suis serein et différent… Je prends conscience que ma vie loin de la ville était possible, qu’elle pouvait-être belle et exaltante. Je suis prêt…


Rien ne t’efface, ne te remplace… Malgré le temps, tu es toujours dans mes voyages et dans mes écrits. Il m’arrive encore parfois de chercher ton sourire dans une soirée… Je pense qu’il en sera toujours ainsi.

J’aimerai que tu saches que je suis bien entouré.

Que ma vie est faite de rencontres merveilleuses, de partage, de sincérité et de vérité aussi. Je prends soin des personnes qui croisent ma route sans rien attendre en retour…


Bon nombre d’entres elles te fascineraient autant qu’elles me fascinent. Certaines ignorent surement l’importance qu’elles ont à mes yeux… Peu importe.

La vie est belle, pleine de promesses et d’inattendue… Je semblais l’avoir oublié… Lorsque je rentrerai chez nous en France, je serais réparé… Même s’il me faudra aussi affronter les "au revoir" difficiles.

Je peux enfin te dire que j’ai tenu ma promesse… Continuer à créer, écrire, découvrir, construire et aussi aimer à nouveau.

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