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Photo du rédacteurJulien Gaüzère Auteur

Renter (Chronique #141)

Dernière mise à jour : 18 janv. 2021


7 Juillet 2018,

J'ai quitté le Nichoir à Hudson, j'ai laissé mon petit geai bleu et les grands corbeaux. Je me suis rendu à Montréal pour prendre un verre avec Xavier. Ce fut l'occasion de se remémorer encore une dernière fois cette année incroyable. J'ai fermé ma valise, quitté ma petite chambre à Vaudreuil-Dorion... Il est 13h34, me revoilà dans un aéroport... Comme au commencement de ce voyage, je ressens les mêmes émotions et les mêmes questionnements... Mais je pars avec tellement de force en moi. J'ai changé c'est certain... Moi qui commençais peu à peu à me sentir Québécois, je découvre que renter, c'est aussi difficile que partir... 

Rentrer : Voilà un mot plein d’incertitudes. Un mot simple et concis, qui à lui seul évoque l’achèvement, la séparation et d’autres retrouvailles. Suis-je arrivé à la fin d’un voyage ? La vie que j’ai vécu, les gens que j’ai rencontré et aimé, resteront-ils à jamais gravé dans mon coeur ? 


Il semblerait que dans mon cas, rentrer, c’est continuer. Continuer ma route, débarrassé des échecs, des contraintes et des obligations. Je suis devenu exactement l’auteur que j’espérai et même l’homme que j’imaginais. J’ai grandi cette année dans les forêts Latuquoises, j’y ai entrepris un voyage dont je ne peux qu’être fier… Ce voyage a toujours été pensé avec l’idée de rentrer… J’ignorai que cet instant serait si douloureux. 


Ai-je changé à vos côtés ? Je pense que oui… Parce que j’ai retrouvé le goût d’écrire en suivant les sentiers forestiers. Parce que j’ai bien plus qu’un jardin secret, j’ai la Mauricie dans le coeur. Parce que j’ai vécu des centaines de rêves et appris à écouter la nature. Oui j’ai tenu le cap, j’ai une vie pleine de sens… Je m’étais perdu sur une unique route monotone… Mais aujourd’hui je marche sereinement sur mille chemins à la fois.

 

Renter : Voilà un mot plein d’incertitudes. Que vais-je retrouver par chez moi ? J’ignore si demain sera aussi grandiose que dans mes pensées… La seule chose qui m’importe, c’est de m’être retrouvé : de mieux comprendre mes échecs, de m’être émanciper et d’avoir bousculé les lignes… J’ai enfin donné toute sa place à l’écriture à l’issue de ce voyage.


Il ne fait plus de doutes qu’écrire fait parti de moi. C’est mon cadeau, ma force… L’écriture agrandit ma vision du monde, m’aide à devenir meilleur (ou du moins à tenter de l’être). J’ai de nouveau envie de croire en de futures histoires, d’écrire, réécrire et écrire encore… Je veux rester cet auteur perdu dont je suis si fier. Peu importe où me conduiront mes univers littéraires, peu importe qui seront mes lecteurs et qui croisera ma route demain.

 

Tant de réponses trouvées sur cette route québécoise… J’aime l’idée que La Tuque m’a sauvé et m’a fait renaître. Peut-être resteront nous toujours liés ?… A la fois si proche et si loin l’un de l’autre. Peut-être retrouverai-je un jour ces sentiers, là où mon écriture a trouvé un sens et une mélodie. Si seulement je pouvais emporter la Mauricie avec moi… Garder ses paysages et surtout les contempler… Toujours.


Rentrer : Voilà un mot plein d’incertitudes. Un mot qui implique aussi de devoir dire au revoir. C’est une chose pour laquelle, je dois l’admettre, je suis toujours aussi médiocre. Je vous aime tellement, tous, sans limites… Parce que j’ai tant appris à vos côtés et que vous avez transformé ma vie. Quels sont les mots justes pour se quitter ? Même si j’ai retrouvé l’écriture dans le bois, mon sac de survie ne contient pas ces mots là.  


Il y a tellement d’enjeux dans le simple fait de renter… Tant de changements à espérer. Je pense finalement que rentrer, c’est partir à nouveau… Du moins c’est ce que je ressens. Mon année à l’école forestière de La Tuque se termine. J’ai mené à bien ce voyage… Je préfère ne pas dire au revoir car il ne fait aucun doute… qu’un jour bien proche, je reviendrai.


Revenir : Pour avoir la sensation de ne jamais vraiment partir…

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