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Je passe beaucoup de temps sur « All The Little Things ». Le travail ne manque pas avec cette plateforme encore naissante…
Je prends soin de la mise en page. Je veux tout cela soit attrayant… Mais comme toujours, la peur de partager mes écritures m’empêche de faire un pas de plus vers mes potentiels lecteurs.
Les doutes sur mon art persiste… Mis à part mon cercle d’amis, personne ne lis mes chroniques…
J’en arrive même à me demander si ce blog accueillera un jour des lecteurs.
Je prends pourtant du plaisir à écrire ces chroniques et à m’interroger…
Mais en parallèle, je délaisse les ébauches de mon roman le Royaume de Faery. Pourtant j’aurai bien besoin de me réfugier dans cette imaginaire qui a, si souvent, donné un sens à ma vie et mes passions…
On sonne chez moi…
J’abandonne mon blog et j’accours à la porte…
C’est Sémy qui est venu accompagné d’une bouteille de vin.
Ces rendez-vous inopinés, c’est souvent l’occasion de parler à coeur ouvert et de partager nos doutes respectifs sur nos vies d’artistes.
Sémy aussi se bat contre les mêmes démons que moi…
Comment faire vivre son art dans un monde qui ne nous considère pas ?
Il commence à m’évoquer sa volonté de peut-être quitter Disneyland comme je l’ai fait il y a quelques semaines…
Sémy est persuadé que ça l’aiderait à dégager du temps pour l’écriture.
« Regarde ! depuis que tu as quitté Disney, tu as crée ce blog et tu bosses aussi sur ton roman ! »
Comment lui dire qu’il fait fausse route ?
Que je ne suis pas l’exemple à suivre ?
Que la création n’a toujours qu’une place bien mince dans ma vie ?
Je ne veux pas que mes échecs viennent entacher ses décisions… Je garde le silence.
Sémy me demande quand est-ce que je vais enfin rendre mon blog publique.
Je lui fait part de mes interrogations et de ma peur de partager des écrits bien plus personnels que mes histoires habituelles.
Il prend le temps de lire les chroniques que j’ai ajouté ces derniers jours.
Il garde son enthousiasme concernant ce blog…
Il trouve ce travail pertinent et fédérateur. Je lui partage ma volonté de signer mes écrits sous un nom d’emprunt.
Sémy n’approuve pas vraiment cette idée…
Pour tout vous dire, je savais qu’il ne la soutiendrait pas.
J’ai besoin de l’entendre me dire que je fais fausse route… J’ai besoin qu’il me donne la force et les arguments nécessaire pour signer ces chroniques en mon nom.
Mes journées dans le magasin Manoli sont interminables.
Mes lacunes de vendeur ne font qu’accentuer ma médiocrité générale.
Mes collègues commencent à me regarder comme un parasite… Un parasite qu’il va falloir écraser assez rapidement.
Elles continuent d’exceller dans leur domaine…
Natalia a installé un immense tableau dans la réserve du magasin. Sur ce tableau, nous inscrivons les ventes de chacun.
Un classement quotidien de nos performances. Ce procédé accentue ma situation de dernier de la classe !
Pourtant je mets tout en oeuvre pour que mes ventes décollent !
Je salue toutes les clientes d’un franc et sincère :
« Bonjour Madame, bienvenue chez Manoli ».
Je les suis à distance comme une hyène affamée durant quelques minutes avant de m’approcher et de balancer la célèbre phrase :
« Comment puis-je vous aider ? ».
La cliente s’empresse de m’éconduire… Mais chez Manoli, on ne lâche pas l’affaire !
Je continue de roder, d’attendre le moment de faiblesse de cette gazelle. Celui qui fera que je sortirai mes crocs acérés.
Et hop ! Faiblesse… La cliente agrippe une robe…
Je m’élance pour le coup fatal ! :
« Je vois que vous regardez cette robe… Permettez moi de vous conseiller de l’essayer en cabine… Avec peut-être une paire chaussures, un accessoire, un bijou ?… ».
Malheureusement pour moi, cette stratégie, qui fait le succès de mes collègues, ne semblent pas être mon point fort…
Mon gibier s’enfuie à toute allure et disparait dans la savane… Je reste sur ma faim… Je reste le dernier du tableau !
Depuis quelques jours, Natalia passe l’entièreté de ses journées au magasin.
Elle a définitivement perdu sa bonhomie et son extravagance… Désormais je perçois aisément que je l’agace…
Normalement, elle ne devrait plus se déplacer à la boutique… Son vrai job, c’est de travailler au siège social, rue de Rivoli…
Mais mes piètres performances l’oblige à rester enchainée à la surface de ventes pour me surveiller.
Coup de chance !
Aujourd’hui j’ai vendu une paire de chaussures à 230 euros ! Un léger sourire commence enfin à apparaitre sur ma mine déconfite.
En allant chercher la paire dans le stock, je surprends malgré moi une conversation entre Natalia et l’adjointe du magasin.
Une conversation dont je suis la tête d’affiche.
« Cela fait combien de jour qu’il est en bas du tableau ? C’est pas possible ! Et en plus il s’extasie quand il vend une paire de chaussures mais… Franchement… Moi si ça continue je vais le mettre à la porte ! »
En pleine nuit, mon téléphone sonne.
C’est Romain… Sa voix est tremblante, agitée… Je distingue un vent de panique.
« Julien ! je viens de dire à Gaëtan que je ne voulais plus le voir et il est en bas de mon immeuble depuis des heures et il hurle pour que je lui ouvre ! »
Visiblement Gaëtan, qui pensait vivre une Love Story, ne comprend pas la décision brutale de Romain.
Cela fait plusieurs jours que Romain fait trainer ce moment… Gaëtan est tellement individualiste et contrôlant qu’il a fini par terroriser mon ami.
« Peut-être que tu devrais le laisser monter chez toi pour que vous ayez une explication ? »
« Non ! surtout pas ! Après il ne vas plus partir ! »
J’entends l’urgence dans la voix de Romain…
L’urgence de se libérer et de s’affirmer.
Je ne peux pas laisser mon ami dans cette situation… Je lui propose de rester au téléphone le temps que Gaëtan s’en aille.
Romain retrouve un peu son calme… Dans le lointain j’entends la voix de l’amour éconduit qui hurle avec exagération dans la rue.
« Romain !!!! Laisse moi monter !!!! Tu ne peux pas rayer notre histoire comme ça !!!! »
Malheureusement pour lui, cette histoire est mauvaise… Et les artistes n’hésitent jamais bien longtemps avant de chiffonner et se débarrasser d’un récit inutile.
Romain est déjà inspiré pour une nouvelle histoire… Et le pauvre Gaëtan n’en sera pas le protagoniste principal.
Les hurlements et les larmes ne faiblissent pas…
Heureusement, le voisinage commence par être à bout de ces jérémiades…
Plusieurs personnes finissent pas ouvrir leurs fenêtres et à hurler sur le pauvre garçon en lui ordonnant de partir avant de prévenir la police.
La démesure de ce désespoir prendra fin ainsi… Gaëtan disparait dans la nuit…
Romain est soulagé !
Surtout qu’il a déjà un rencard dans les prochains jours avec Alexandre…
Une nouvelle soirée entre amis. Ce genre de soirée où l’on mange sur le pouce et où l’on fait la part belle à notre art et nos travaux.
Nous prenons néanmoins le temps de lever nos verres à l’éviction de "Gaëtan le terrible" et surtout au premier baiser entre Romain et Alexandre !
Sémy a toujours dans l’idée de suivre mon chemin et de laisser tomber son job de mascotte chez Disney.
Il commence à nous expliquer le sujet de son premier scénario… Un long-métrage qu’il espère ambitieux et pertinent.
Sémy veut entrer dans le monde du cinéma par la grande porte.
Eva qui est toujours la plus exaltée du groupe, l’encourage avec une sincérité presque enfantine.
Ses dernières semaines, elle enchaine des petits galas dans la capitale…
Elle aussi espère être remarquée par un compositeur ou un producteur.
Fred rigole de nos ambitions démesurées.
Contrairement à nous tous, il se contente de créer dans son coin.
Il peint ses tableaux, fait ses sculptures et ses costumes… Il n’attend rien… Ou du moins c’est ce qu’il laisse paraitre.
Romain écoute tous nos projets en gardant un voile de mystère sur les siens…
Malgré les années qui nous lient tous, il semble encore retissant à nous faire entrer dans l’intimité de son art.
Je ne peux pas lui en vouloir. Je ressens exactement la même chose avec mon blog !
J’ai encore du mal à me résoudre à partager mes chroniques.
La petite bande me trouve assez fatigué.
Ils me demandent tour à tour si je vais bien.
J’aimerais leur parler de l’enfer que je vis chez Manoli…
Leur parler de ce tableau dans la réserve où je suis l’éternel dernier… Leur parler de Natalia que j’exaspère… De mes ventes avortées…
Etrangement, alors que d’habitude je suis un vraie livre ouvert pour mes amis, j’éprouve de la honte…
Je regrette d’avoir été aussi confiant en quittant Disneyland…
J’ai foncé tête baissé avec arrogance dans l’inconnu et aujourd’hui je n’aspire qu’à une chose : amortir ma chute !
Je me contente de dire à mes amis que nous avons beaucoup de travail au magasin…
Je préfère taire mes défaillances professionnelles.
Une fois rentré chez moi, j’en profite pour écrire. Je ne me force plus à assimiler les savoirs de la mode et de la haute couture…
A quoi bon ?… Je préfère donner le peu de lumière qu’il me reste à mon art.
Je me replonge dans le Royaume de Faery.
Le travail titanesque que me demande cet univers pourrait donner le vertige.
Je fais beaucoup de recherches, j’écume de nombreux livres sur l’Histoire des celtes, les anciennes coutumes, les légendes et les croyances.
Tous cela m’aide à nourrir mon inspiration et à être sincère dans la création de ce monde fictif.
J’ai toujours autant de plaisir à retrouver mes personnages Ivan, Mirage, Ben et Grimm dans leurs aventures. Je me sens libre et accompli lorsque je suis en leur compagnie…
Comme d’habitude, la musique accompagne mes nuits créatives.
Au fil des mélodies, mes mots trouvent un sens.
Parmi cette playlist relaxante, une chanson vient me cueillir… Un souvenir d’enfance empreint de nostalgie.
Chronique n°4
Dans cette première chronique musicale, je vais vous parler de musiciennes talentueuses. Leur groupe s’appelle Evasion.
Elles ne sont pas connues du grand public . Pourtant, elles ont une place de choix dans mon coeur.
Ces femmes viennent des quatre coins du monde. Elles se sont réunies pour transporter leur public à travers des chansons qui rythment nos continents, tantôt avec joie, tantôt avec peine. Ces femmes nous emmènent en voyage... Un voyage fait de partage et de poésie. Un voyage qui nous rappelle que la musique n’a pas de frontières ou de couleurs. Elle touche tout le monde, partout et depuis toujours.
Je n’avais que 11 ans lorsque j’ai découvert ce groupe. Les chanteuses d’Evasion étaient venues pour une représentation dans l’auditorium de mon conservatoire de musique à Noisiel. Nous étions allés les voir avec mes parents et surtout Marine, ma meilleure amie. Depuis nos 6 ans, nous ne nous quittions pas... Impossible de dissocier Julien et Marine. Nos jeux, nos rires et nos rêves étaient décalés, extravagants et colorés... Nous pensions même qu'il en serait toujours ainsi.
Les mélodies d'Evasion sonnent la fin d’une époque… Un changement auquel personne n’échappe : La fin de l’enfance. Lorsqu'il m'arrive encore de me laisser bercer par leurs chansons, il m'est impossible de ne pas avoir une pointe de chagrin pour mon enfance perdue. Moi qui pensais que j'allais encore pouvoir encore rêver, flâner, imaginer.
Si je devais donner une date à la fin de mon enfance, ça serait ce printemps de 1998... Peu après le concert d' Evasion, le disque de ces artistes tournait en boucle dans nos chambres d'enfants. Avec Marine, nous scellions chaque jour un peu plus notre amitié au fil des chansons d'Evasion.
Cette année de 1998, quelque chose a changé... Un nuage, un orage... Un vent s'est levé. La Mort est venue nous rappeler que le temps des songes n’avait qu’assez bien duré. Comment, moi, petit garçon rêveur de 11 ans pouvais-je réconforter ma plus grande amie, ma soeur, face à cet hydre qui venait de s'immiscer dans la douceur de sa maison ?
A 11 ans, je n'avais pas les mots... Je me suis contenté d'être là... Très vite j'ai ressenti un vide : mon enfance s'était envolée. Nous venions d'entrer dans un monde plus âpre, plus amer. Oui, nous avons changé ce jour là… Malgré les mélodies d’Evasion qui continuaient d’accompagner notre fragile chemin de vie…
Assez naturellement, nous avons commencé à parler d’avenir, de choix… Puis d'Amour... Nous avons délaissé nos jeux, les marelles et la cour de l’école.
Aujourd’hui, il me suffit d’écouter un refrain d’Evasion pour me souvenir de l’enfant que j’étais. Retrouver un goût de souvenirs acidulés, d’une vie plus mutine, plus simple, plus sincère… une éternelle évasion.
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