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Photo du rédacteurJulien Gaüzère Auteur

L'aéroport (Chronique #113)

Dernière mise à jour : 19 oct. 2020



1er août 2017,

Me voilà sur la ligne de départ. Je viens de faire mes au revoir. J'attends patiemment mon vol pour Montréal. Celui qui m'emmène vers une nouvelle vie et de nouvelles expériences. Il est toujours intéressant de regarder attentivement les gens dans un aéroport. Tout le monde porte une histoire par ici. Nous sommes tous en attente d'un voyage, de retrouvailles, de nouveaux projets...  Et regarder les autres m'aide à oublier mes doutes...

Il y a tellement de monde dans un aéroport. Tellement de destinations et de chemins possibles. Il y a des gens heureux de se retrouver ou triste de se séparer. Certains qui partent pour un voyage plein d’aventures, d’autres pour une escapade plus luxueuse. Quelques uns qui s’en vont à l’autre bout du monde et d’autres qui ne parcourent que quelques kilomètres.


Tous les chemins partent d’ici… Toutes les incertitudes aussi. On n’a jamais le temps de se dire bonjour dans un aéroport… Au revoir non plus d’ailleurs… Tout est rapide, stressant, bruyant. Ici le temps est précieux… Si précieux qu’il s’affiche partout pour vous rappeler avec arrogance que l’heure de la séparation est pour bientôt ou qu’une nouvelle vie commence sans plus tarder.

 

Je ne pensais pas que ça serait si dur de quitter mes parents. J’ai tout fait pour retenir mes larmes… Avec la promesse d’être bientôt de retour. Une fois passé les premiers portiques de sécurité, je les ai observé une dernière fois pour me donner du courage. Cette fois nous y sommes… Je pars loin, très loin et lorsque je rentrerai, plus rien ne sera pareil. 


Il y a tellement de monde dans un aéroport. Tellement de destinations et de chemins possibles. On y voit des gens pressés, des femmes et des hommes d’affaires qui arpentent les couloirs austères sans sentiments. Des gens perdus, qui peinent à comprendre leur destination et qui se demandent presque ce qu’ils font ici.


Tous les chemins partent d’ici… Toutes les incertitudes aussi. La vie s’arrête quelque peu une fois passé la sécurité. Nous sommes en partance vers un ailleurs… En attente… Comme sur un fil fragile. Certains stressent pendant que d’autres lisent. Les vols s’enchainent, les gens se croisent puis s’oublient… Se voient puis s’ignorent.      


Je me sens bien seul… Seul pour la première fois… En attendant mon vol pour Montréal. Je n’ai plus tant envie de pleurer mais je pense sans cesse à ceux que j’aime. Je suis pourtant encore près d’eux… Mais j’ai déjà la sensation que des océans nous séparent. J’envoie un dernier message, un au revoir à Romain, à Sémy sans avoir le temps d’une réponse puisque mon embarquement s’annonce. 


Tandis que mon avion s’engage sur la piste de décollage. Je sens mon coeur agripper ma poitrine de toutes ses forces. Il n’y a plus de retour possible, plus de marche arrière ou de revirement… Nous voilà partis. Une nouvelle vie commence. Une vie dont je ne sais encore rien… Un doute, un mystère. Une adrénaline indescriptible. Je tente de chasser les questions inutiles qui trottent dans ma tête. En regardant par le hublot je ne distingue bientôt plus que des nuages. Des nuages qui m’accompagneront jusqu’aux grands espaces canadiens.


Il y a tellement de monde dans un aéroport. Tellement de destinations et de chemins possibles. Il y a des gens heureux de se retrouver ou triste de se séparer. Certains qui partent pour un voyage plein d’aventures comme moi… en direction du bout de monde avec comme seule certitude des kilomètres de distance et… L’inconnu. 

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