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Photo du rédacteurJulien Gaüzère Auteur

Danse Autochtone (Chronique #119)

Dernière mise à jour : 4 janv. 2021



2 septembre 2017,

C'est le jour du Pow-Wow de Wemotaci. Depuis mon arrivée à La Tuque, j’ai pu faire connaissance avec bon nombre de personnes qui ont bouleversé mes codes et mes réflexions. Mais je voulais aussi prendre le temps d’aller jusqu’à Wemotaci. D’apprendre une Histoire, un héritage qui n’était pas le mien. Apprendre et comprendre… Comprendre et partager… Partager et pardonner. Aujourd’hui je suis entré dans la danse autochtone et j’y ai trouvé le plus précieux des cadeaux pour un auteur : une nouvelle histoire à écrire.

Cela fait longtemps que j’écris. Que cette écriture est l’occasion pour moi de voyager, de m’échapper.


Mais au court de mes périples, mes histoires se sont perdues, quelque part, je ne sais où. Entre le chagrin et le deuil, entre l’échec et la médiocrité. Peut-être me fallait-il une danse autochtone pour retrouver la route de l’inspiration.


Par ce beau mois de septembre, je suis parti en direction de Wemotaci. Je n’avais pas conscience que la communauté Atikamekw vivait si loin de La Tuque. Dans ce bus, nous avons laissé derrière nous la ville et ses avenues goudronnées. Nous nous sommes engagés sur un chemin de gravelles. Dans une forêt de conifères immenses et indescriptibles.


J’ignorais ce que j’allais chercher à Wemotaci. Un folklore ? une curiosité de touriste mal-venue ? Dans le fond, j’avais hâte d’y arriver. Hâte de chasser le chagrin et le deuil, l’échec et la médiocrité. Hâte de voir si les danses autochtones m’aideraient à retrouver mon inspiration.

En arrivant à Wemotaci, j’ai d’abord été frappé par la pauvreté de ce village enveloppé dans un écrin de nature. Je me suis senti étranger… Et après tout, c’est ce que j’étais. Je me suis laissé guider par cette foule qui rejoignait le Pow-Wow.

Peu à peu, l’amour s’est installé en moi. Je n’étais pas seulement au milieu d’une nature immense, j’étais dans un sanctuaire. A la fois peu de chose mais pourtant exactement à ma place et légitime. Les musiques, les chants, les danses, le respect, la communion… J’étais venu en voyeur et, sans m’en rendre compte, je me retrouvais acteur dans cette danse autochtone.

Au cours de cette cérémonie, les témoignages étaient touchants et la célébration festive. Un des danseurs a pris la parole afin de raconter sa visite à Pine Ridge. Il a évoqué les difficultés que rencontraient les Lakotas de cette contrée oubliée des Etats-Unis. Nous avons prié ensemble puis les Atikamekw ont ramassé des fonds pour pouvoir les aider un peu.

Pine Ridge est revenu frapper mon cœur. J’y étais déjà allé, du moins dans mon imaginaire d’auteur. J’y avais absorbé des histoires, des personnages, des sensations que j’avais abandonné. Chankoowashtay, Dany, les plaines du Dakota… Des lieux, des émotions, des instants de vie que je m’étais approprié et que j’avais délaissés au milieu des boulevards parisiens.

En quittant Wemotaci, j’ai enfin compris pourquoi j’étais venu jusqu’ici. J’étais venu chercher des réponses, les clés égarées de mon inspiration. Je me suis mêlé à une danse autochtone dont je ne veux plus jamais sortir.

Ce soir, au calme dans mon appartement, j’oublie les paysages à la fenêtre. Ceux qui m’envoutent si souvent depuis mon arrivée. J’ai les yeux rivés sur le papier et je fais renaître une histoire perdue.

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