17 Mars 2019,
J'ai beaucoup appris en passant mes journées dans les grottes, les bois et au musée des Sorcières de Zugarramurdi. Hélas, il restera pour toujours une part d'ombre à cette mythologie qui se transmettait essentiellement oralement. Les croyances anciennes aident à comprendre les histoires de Sorcières et les persécutions qui ont pu en découler dans le Pays Basque.
Mari et Sugaar
Il est évident qu’avec la christianisation de la région mais aussi avec les chasses aux sorcières successives qui se sont tenues au Pays basque, nous avons perdu beaucoup de nos dieux anciens.
Malgré la persévérance de l’Eglise, certains sont arrivés jusqu’à nous (Partiellement malheureusement). Nous ne connaitrons jamais la totalité de leur histoire. Mari est certainement l’entité dont nous savons le plus de choses.
Pour certains Mari est une déesse… Elle fait partie de la Mythologie Basque. Mari représente la nature. Elle s’occupe des forêts, des montagnes, des ruisseaux, des vallées… Mari se cache dans les cavités et dans les grottes au sommet des montagnes… C’est-elle que les Sorginak vénéraient en dansant et en se réunissant dans les grottes, surement pour lui demander de bonnes récoltes ou pour implorer sa bienveillance.
Dans de nombreuses histoires du Pays Basque, les Sorcières sont appelées « les disciples de Mari ». On raconte qu’elles sont capables de communiquer avec elle et qu’elles font le liens entre les Hommes et les Dieux. Il est fort probable que dans l’air près-chrétien, Mari se soit appelée Emari (qui signifie le cadeau) ou Amari / Amalur (qui signifie La Mère). Quand d'autres préfèreront différencier Mari et Amalur.
Ce n’est pas une coïncidence si aujourd’hui l’une des figures du christianisme la plus aimé des Basques, se trouve être la Vierge Marie. Elle a absorbé l’héritage de Mari, jusqu’à ses apparitions dans les grottes de la région. Les messes du Pays Basque se terminent souvent par un chant à la gloire de Marie… Et si l’on chantait en réalité pour Mari sans le savoir ?
Mari n’est pas la seule à s’occuper du bien-être de la vallée. Son coeur appartient au beau Sugaar. Celui-ci s'occupe des orages et le feu. Il est souvent représenté comme un serpent dans les quelques récits qui nous sont parvenus. Les bergers le craignent. Sugaar n’aiment pas les Hommes, il peut se montrer impitoyable avec eux. Mari arrive à calmer ses colères. Chaque vendredi, Mari et Sugaar se retrouvent dans les grottes. Ils s’offrent l’un à l’autre. On ignore aujourd’hui la véritable signification de son nom… Suge (Serpent) Ar (Mâle) : Le serpent mâle / Su (le feu) Gar (la flamme) : Feu et flamme. Dans certaines régions il ne porte même pas de nom, on l’appelle Maju : l’époux (de Mari)
C’est surement pour célébrer l’union de Mari et Sugaar que les Sorginak dansaient dans les Akelarre (cercle de sorcières) chaque vendredi. Ce rituel fut rapporté dans de nombreux procès en particulier à Zugarramurdi. L’Akelarre (Aker : Bouc / Larre : Landes) signifie étymologiquement le près des boucs. C’est le nom donné par les Sorciers basques à l’endroit où sont célébrées les danses en l’honneur de Mari et Sugaar. Ces lieux se trouvaient très souvent dans une grotte et non loin d’un pâturage. Le plus célèbre des Akelarre du Pays Basque est celui de la grotte de Zugarramurdi.
Le rituel de l’Akelarre était simple. On y jouait de la musique, on mangeait, on buvait… On s’adonnait aussi certainement à des rituels sexuels. C’est en tout cas ce que rapportent les archives des procès en sorcellerie de l’époque… Mais peut-on réellement se fier à ces témoignages très orientés par l’Eglise inquisitrice ?…
Le « Roi » et/ou la « Reine » de l’Akelarre se déguisaient en bouc en portant les cornes et le pelage. Les autres Sorginak dansaient et chantaient en cercle pour demander à Mari et Sugaar de protéger les troupeaux restés dans les montagnes. Ce sont d’ailleurs ces rituels qui furent qualifiés par l’Eglise de sataniques.
Les persécutions et la christianisation du Pays Basque ont effacé bons nombres d’histoires et de dieux anciens. Les choses que nous savons sur eux sont très maigre. Nous nous devons de préserver cette mémoire. Les entités vénérées dans la mythologie basque sont très souvent terrestres, multiples et moins manichéennes que dans la chrétienté. Malgré les années qui nous sépare de ces rites anciens, ce beau pays reste le Royaume de Mari et Sugaar et nous sommes toujours leurs enfants…
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