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Photo du rédacteurJulien Gaüzère Auteur

Amalur (Chronique n°181)


21 Mars 2019,

Mes valises sont bouclées... J'ai écouté les conseils d'Amalur, j'ai une nouvelle fois suivi le loup... Tous cela m'emmène loin de mon pays, loin du chemin de pierre.

Je suis revenu seul, ici, au bord du ruisseau. J'avais besoin d'une dernière réponse ou d'une ultime étreinte. La chronique qui suit est un adieu et presque un déclaration d'amour...


Amalur


Amalur, notre mère la Terre, notre Pays Basque... Ici beaucoup d'anciens croyaient en toi. Ils savaient te célébrer, te remercier. Tu as été généreuse avec notre lopin de terre. Tu y as posé tes plus belles oeuvres. Ici, c'est le paradis... Comment ne pas te dire merci ?! Tu as vu naitre Eguzki (le soleil) et Ilargi (la lune). Tu as laissé la douce Mari s'occuper de nos vallées et le téméraire Sugaar posséder les montagnes.


Je suis revenu... Revenu là où étrangement je ressens le mieux ta présence. Je suis revenu pour te dire "au revoir".

Je sais que je reviendrai... Que les voyages présagent toujours un retour.

J'espérai te voir réapparaitre... Mais tu ne viens pas...


Je m'assoie sur cette grosse roche qui semble posée délicatement au milieu du ruisseau. Mon regard se noie parmi les filages de cette rivière qui traverse la grotte aux sorcières plus en amont.


Le printemps donne peu à peu des couleurs à ton chef-d'œuvre. On murmure dans les bruyères... Est-ce toi ? Je suis prêt à y croire.


Ce coin de Paradis, tu me l'as offert. J'ai même cru, égoïstement, que tu me l'avais cédé. J'avais tort... Croire cela, ce n'est pas comprendre ta force et ta profondeur.

Amalur, je n'arrive pas à partir. Je m'allonge sur la roche et je laisse ton silence me transformer en chimère.


Rien qu'à l'oreille, on perçoit la beauté de ton royaume. Le vent, les esprits dans les arbres, le bruit de l'eau ou celui des sabots des brebis qui descendent de la montagne, les cloches de l'église de Zugarramurdi, le chant d'un hibou chasseur et la pulsation des vagues dans le lointain.

Amalur, je ne veux pas partir...


Je ne saurai sans doute jamais qui est venue m'apporter cette caresse, cet amour durant la mystérieuse nuit au bord du ruisseau. Etais-ce toi, Amalur ? Etait-ce Mari ? Ou bien une Sorgin qui hante encore ce bois ? Cette rencontre restera notre secret.


Il est temps de partir. J'ai encore espoir que tes bras me retiennent. J'empreinte une dernière fois le chemin de pierre. Je n'y ressens plus ta présence. Tu m'as déjà abandonné aux portes de mon futur voyage.


Toi seule sais quand je rentrerai à la maison... Toi seule sais quand je serais digne de retrouver tes chemins...


Mon Amalur... Ma mère... Ma Terre

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