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Photo du rédacteurJulien Gaüzère Auteur

Les routes incertaines (Chronique #172)


22 Décembre 2018,

Je fais ma valise... Je n'ai pas encore annoncé à ma grand-mère que le Canada m'attend de nouveau. Je ne sais pas comment dire au revoir à la vallée, à l'océan, aux montagnes et à mes légendes. J'ignore si je m'enfuis ou si je grandis... Mon coeur s'arrache à ce pays, cette terre à laquelle j'appartiens. Je me convainc que les échecs étaient inévitables tout en sachant que j'ai beaucoup oeuvré pour qu'ils arrivent jusqu'à moi. Je suis soulagé de repartir sur des routes incertaines et pourtant... Je sais qu'elles n'auront rien à m'offrir.

Pourquoi mes routes sont-elles sinueuses ?

J'ai longtemps cru que c'était à cause de mes aspirations d'artistes. J'ai rejeté tant de fois la faute sur mes vibrations écrivaines.

Pourquoi lorsque je regarde autour de moi, je suis le seul à osciller autant. Je suis peut-être fou tout simplement.


Je repars sur des routes incertaines. Je prépare un nouveau voyage... Un nouveau défi. Je ne me sens vivant que dans la fuite... Je ne suis pas un oiseau de perchoir, je suis un loup migrateur.


J'aime les routes et si je quittes celle-ci, c'est sans doute parce qu'elles n'ont plus de secrets pour moi. Que vais-je chercher dans mes sempiternelles aventures ? Si seulement j'avais la réponse.


Je fais des allers, des retours, j'entreprends des choses que j'abandonne. J'aime laisser des bouts d'inachevés un peu partout. Cela me laisse une chance pour revenir. Me revoilà sur les routes incertaines, trahissant mes projets trop lourds. Je les brandirai comme un échec pour justifier ma cavale. Peut-être leur redonnerai-je une chance... Peut-être... Un jour.


Je me sens libéré sur les routes incertaines. Je commençais à suffoquer dans ma cage. Voyant les obligation arriver, j'ai préféré m'envoler. Il y a tant de "Moi" qui me bouscule. L'auteur, le voyageur, le timide, l'intrépide, le peureux, l'amoureux, le dépressif ou l'agressif... Je ne sais lequel écouter. Je refuse de devoir choisir... Je préfère tous les garder, même si cela implique de m'en aller.


Me revoilà sur les routes incertaines. Et pourtant j'avais trouvé l'apaisement près des sentiers des Sorcières basques. Etrangement dans ce train qui me ramène une énième fois à Paris, je prends conscience que mon échappée est une erreur. Ma fuite n'a pas de sens, ma route n'a pas de destination.


Je veux rentrer au Québec pour retrouver ma fougue, mon sentiment de liberté et d'impertinence. Seulement, je n'y ai laissé aucun bout d'inachevé. Pour la première fois de ma vie, j'avais clôturé mon histoire. Je file, les yeux fermés, sur les routes incertaines... Tout en refusant de voir que rien ne m'attendra là bras.

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