En Août 2010,
Je consacre très rapidement sur mon blog, une chronique entière dédiée à deux coins de France chers à mon coeur : Les Landes et le Pays Basque. Ces terres ont forgé ce que je suis. Elles ont alimenté mes histoires. Il est toujours important de savoir d'où l'on vient pour comprendre où l'on va... J'ignorai apprendre autant de choses en m'interessant à mes racines...
Je pense que ce qui m’a permis d’avoir une aussi grande liberté de penser, de découvrir, de partager et d’apprendre… Ce sont mes racines. Il m’apparaît évident que nos racines sont le phare… La lueur, la promesse que notre route n’est pas vaine.
Les années passent et filent… Les générations se côtoient, se séparent… disparaissent puis s’oublient. Personne ne laisse une trace sur cette terre, juste un claquement de porte brutale derrière soi… Des souvenirs sans âmes… Définitivement incompris pour ceux qui sont restés.
J’ai beaucoup médité sur mes racines ces dernières années… Pourquoi suis-je ce que je suis. Pourquoi et par quel hasard je me retrouve ici, à ce moment donné… Et si les souches de ma vie en détenaient les réponses ?
Tradition faite depuis mon enfance, l’été est l’occasion de rejoindre le pays de mes racines et d’oublier Paris. Une visite chez Papi et Mamie dans leur maison près de
Capbreton. Je me souviens encore de ce sentiment qui m’habitait quand j’étais gamin… Les cinq heures de train de Paris jusqu’à Dax, un regard par la fenêtre, un défilé de
paysages, de villages qui ne m’inspiraient qu’ennuie et lassitude.
Puis, une fois Bordeaux derrière nous, la douce apparition des forêts de pins, annonçant l’arrivée au pays. Je me souviens de cette quiétude qui m’envahissait en découvrant ces colonnes végétales à perte de vue. C’était comme si, tout en lorgnant ce décor familier et rassurant, je pouvais déjà imaginer Mamie nous attendant à la gare, impatiente… L’odeur, déjà accessible, d’un bon repas dormant dans le four. Le chant calme et espiègle des tourterelles et le bruit vif et indomptable des vagues.
En grandissant, ce sentiment que je croyais éphémère, ne s’est pas dissipé… preuve en est que mes racines s’entrecroisent dans les Landes.
Avec l’âge, j’ai cherché à comprendre et apprivoiser cette sensation que je croyais si personnelle.
Ma mère… Mon père… Mes grands-parents ont-ils eux aussi, par le passé, ressenti cette force, ce goût d’appartenance à une terre ?
Comprendre ce sentiment ensemble, nous permettrait surement de remonter encore un peu plus le sentier de nos racines.
Cette dernière visite au pays fut l’occasion de partager avec ma grand-mère.
Je m’intéresse depuis longtemps à la vie, la jeunesse et le parcours de mes arrières grands-parents. Mais je n’osais pas trop demander à ce qu’on me raconte leur histoire.
J’entendais si souvent ma grand-mère et ma mère parler d’eux… J’étais friand de ces anecdotes étant petit… Il me semblait qu’elles m’appartiendraient toujours. Seulement,
la vie est ainsi faite… Un jour viendra où ma Grand-mère ne sera plus là pour me confier ces bribes d’histoires tout en rigolant.
J’ai donc décidé, cet été, d’inscrire avec attention tout ce que Mamie pourrait m’apprendre de ses parents que j’ai toujours nommé Aitatxi et Amatxi (Traduction : Grand Père et Grand-mère en Basque).
Ma grand-mère n’est pas landaise. Son l’enfance, elle l’a passé au Pays Basque, non loin de Saint Jean de Luz. Elle a grandi dans une modeste ferme. J’adore le Pays Basque, il n’y a pas de terre plus généreuse et calme. C’est toujours une réelle source d’inspiration pour moi que de partir sur les routes d'Espelette, de Dancharia ou de Sare. Bien au-delà de mon appétit artistique, le Pays Basque est, aussi, un régal pour les babines… Une cuisine que je rêverais emporter partout avec moi !
En griffonnant sur un cahier, attentif aux moindres détails que ma grand-mère partage à propos d’Aitatxi et d’Amatxi, je pars pour un long voyage sur un sentier familier mais pourtant jusque-là inconnu. Ces vies sont empreintes de lyrisme, presque romanesques. J’oublie la véracité des faits, m’imaginant Mamie lire simplement un Roman d’Hugo ou de Zola, tel Les Misérables ou Germinal.
Pourtant, les confidences qui se jouent, cette nuit, dans l’intimité du salon, ne parlent pas d’un passé inaccessible. Mais d’une page de nos vies tout juste tournée...
Celle d’un arrière grand père abandonné à l’assistance publique de Paris, de son long voyage avec son frère jusqu’au Pays Basque où il trouva une famille d’accueil mais aussi une appartenance, une place.
Celle d’une arrière-grand-mère, fille ainée de paysans, placée dès son plus jeune âge en tant que demoiselle de maison chez un écrivain anglais, riche propriétaire de Saint Jean de Luz. L’histoire d'un amour interdit et d’une Guerre mondiale qui les a séparé plusieurs années.
Comment expliquer que je retrouve curieusement dans leurs vies, une part de mes
racines… Que j’y décèle les parfums de Paris et les délices de l’écriture.
En dévorant ces vies, à la fois si humbles et tant miséreuses, j’imagine, je sens les odeurs des sentiers qu’Aitatxi suivait à toute allure sur sa vieille bicyclette.
Les brises légères des bords de mers où Amatxi aimait méditer. J’entends l’orchestre des fêtes basques sur la place de Saint Jean, je vois les gens danser le Fandango…
J’ai la sensation qu’ils ne sont jamais partis loin de nous.
Nous avons juste cessé de les voir…
Plus tard, dans les confidences, nous évoquons la mère d’Amatxi qui n’est pas né au pays. Elle a grandi en Argentine et est arrivée en France au début du XXe siècle.
Dernière étape sur le long courant de mes racines. C’est donc là-bas que mon voyage se termine et que tout commence. Comme j’aimerai, un jour, remonter les rues de Buenos-Aires avec la force de mon histoire.
Les rues de cette ville… d’où part mon grand voyage... Comme une valse qui redescend les boulevards bruyants de Paris.
Je ne doute pas qu'un jour, je poserai ces histoires sur le papier. Je rendrai hommage à mon Pays et à ceux qui ont guidé mon chemin bien avant qu’il ne se dessine…
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