16 Janvier 2011,
Je suis remplis de paradoxe... Comme un bon nombre d'artiste. J'espère un jour changer de vie... Je rêve de voyages et de grandes aventures... Mais dans un autre temps, j'entretiens cette précarité parisienne qui nous va si bien. J'aime nos soirées entre amis, nos confidences, nos rires doux-amers... Et si la vraie force de nos rêves se trouvaient dans le fait qu'il sont... Inatteignables ?...
Ce qu’il y a de merveilleux à Paris, c’est que le travail et le dynamisme y sont illimités mais je ne peux pas en dire autant des logements et des salaires décents. Cela va faire bientôt deux ans que je vis dans mon petit studio. Lui et moi, nous avons une routine de vieux couple. Ce qu’il y a de bien avec lui, c’est qu’il ne me juge pas. Je peux laisser la vaisselle s’accumuler, les feuilles d’ébauches s’éparpiller sur le sol ou encore manger de la pâte à tartiner avec la petite cuillère devant des émissions de télé débiles. Je vis une belle histoire d’amour avec mon 20m2.
Ce qu’il faut savoir, c’est que lorsqu’on a la vingtaine à Paris, il faut se résoudre à vivre entre quatre murs bien exigus. Une des choses que j’adore faire dans mon petit chez moi, (à part écrire), c’est d'y inviter les amis. Avec le temps, nos petits coins de vie sont devenus le théâtre de folles confidences.
Malgré la valse parisienne et son lot de tumultes et d’injustices, malgré nos conditions d’artistes sur le fil, je l’admets… J’ai de la chance… La chance d’être entouré d’amis aussi fidèles (et aussi délurés que moi).
C’est un cadeau inestimable de pouvoir partager ses rêveries, de les tourner en dérision entre deux éclats de rire. Même si nous savons, au fond de nous, que nous espérons les réaliser. Qu’il est bon de se perdre au milieu de nos projets incongrus, que l’on partage avec une pizza discount.
Avec nos salaires ridicules, l’autre point noir d’un jeune qui vit à Paris, c’est la nourriture. Nous sommes devenus les rois du Hard discount ! Les maigres repas remplis de gras, c’est notre spécialité… Manger équilibré ne fait pas parti de nos priorités… Et c’est dommage.
Le midi : un yaourt et un fruit. Le soir : un plat de pâtes au parmesan. Lorsque une soirée entre amis se prépare, nous mettons les petits plats dans les grands avec une bouteille de soda et des pizzas.
Comme chaque soir depuis presque cinq ans, nous ne nous soucions pas des problèmes de la vie. Les contrariétés sont sur le pas de la porte et nous les laissons s’envoler avec la fumée de nos cigarettes.
Nous rigolons, en projetant des vies que l’on n’aura jamais : Devenir acteur, conquérir les planches de Broadway, être un scénariste ou un écrivain reconnu… Nous poussons les murs avec nos ambitions… Nous qui n’habitons que dans des 20m2.
J’ai finalement appris à vivre ainsi : Avec les fins de mois difficiles, les enchaînements de CDD, les missions d’intérim... Avec les maigres tickets resto que je partage avec Pépé chaque jour aux pieds des Escalators de la ligne 8.
J’ai fait ce choix en conscience, celui des mois de galère à répétition. Peut-être qu’un jour… Il en sera autrement. Je veux rester optimiste. En attendant, je joue à faire semblant avec mes frères et mes soeurs de cœur… En priant que le temps ne passe pas trop vite… Je veux encore savourer nos pizzas bourratives et rire de nos rêves inutiles.
Comments