7 Juillet 2018,
Je suis dans l'avion qui me ramène chez moi en France après cette année passée au Québec. Je mentirais si je vous disais que je suis serein. Je porte en moi des doutes et des chagrins. J'ignore ce qui m'attend à la maison… Mais est-ce encore ma maison ? Je sais que mes amis et ma famille m'attendent avec impatience... Pourtant revoir Paris, ses foules et ses égoïsmes, m'est insupportable et je rêve déjà de mes vallées basques...
Je suis bien trop loin du hublot… Bien trop loin pour me rendre compte que les chroniques québécoises sont terminées. Bien trop loin pour m'apercevoir que cela fait longtemps que nous avons laissé Montréal derrière nous. Les yeux fermés, je ne pense à rien… Je ne cherche pas mes mots, mes histoires… J'essaie d'oublier l'instant et de renier le fait que je rentre à Paris. Je suis bien trop loin du hublot… Bien trop loin pour voir la nuit tomber sur les nuages que l'on domine. Bien trop loin pour m'apercevoir qu'elle est toujours la même, calme et énigmatique, que l'on soit ici ou en bas… Au Québec ou en France. Les yeux fermés, je retiens des larmes… J'étouffe mon malaise, mes tristesses… J'essaie de tuer les regrets et de renier le fait que je rentre à Paris. Je suis bien trop loin du hublot… Bien trop loin pour me rendre compte que l'océan parait morne vu du ciel. Bien trop loin pour m'apercevoir qu'il est doux, lisse et brillant, lorsqu'on observe depuis cette lucarne… Entre les nuages, la lune et les étoiles. Les yeux fermés, je questionne mon cœur… Mais je lui refuse ses réponses, ses arguments… J'essaie de tuer son envie de demi-tour et de lui faire comprendre que je rentre à Paris. Je suis bien trop loin du hublot… Bien trop loin pour me rendre compte que nous survolons désormais l'Europe. Bien trop loin pour m'apercevoir que je nous avons délaissé les grands espaces, les sapinières québécoises pour des villes immenses où tout est trop petit, la vie comme le bonheur. Les yeux fermés, j'oublie que l'on atterrit… Je ravale ma peine, mes souvenirs… J'essaie d'assumer mes choix et d'assimiler le fait que je viens d'arriver à Paris. Je suis bien trop loin du Québec… Bien trop loin des chroniques québécoises, de mes amis, des forêts d'épinettes, des grands espaces… Tout est terminé… Et je n'ai qu'une hâte pour cicatriser mon chagrin : m'enfuir en bas de vallée...
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