15 novembre 2018,
Je suis revenu à Paris. Non pas pour redonner sa chance à cette capitale que j'ai depuis longtemps délaissé... Mais pour préparer mon éventuel retour au Québec.
Depuis plusieurs semaines, je me replonge inlassablement dans mes chroniques passées. Je prépare la sortie d'un recueil dans lequel les chroniques de l'année 2010 seraient regroupées. Je ne pouvais pas venir ici sans retourner là où tout a commencé. Au pied de mon vieil appartement, où un soir de juin 2010, j'ai écrit ma première chronique...
J’ai trouvé tant d’histoires sur les chemins que j’ai emprunté.
Mon coeur voyageur, mon coeur curieux en a fait du chemin…
Dans cette frénésie de création, j’ai ressenti le besoin de retourner là où tout à commencé. Dans cette rue, rue de l’église… Où mes premières chroniques sont nées.
On ne peut pas toujours créer en regardant devant soi.... parfois il faut savoir retourner en arrière pour achever un travail.
Durant huit ans, j’ai enchainé les chroniques… des approximatives, des révoltés, des amoureuses, des passionnées, des optimistes, des poétiques, des médiocres… Mais cette frénésie, ce besoin de rendez-vous avec mes lecteurs, ne m’a jamais fait regarder en arrière.
Aujourd’hui, je me sens prêt. Je suis assez mûr pour retrouver les chemins d’autrefois et leurs premières chroniques.
En retraversant ces bouts de vies, ces écritures assez vagues, j’ai la sensation de ne plus vraiment me reconnaitre.
A 23 ans, j’avais plein de rêves… J’étais persuadé qu’écrire était ma seule force et ma seule valeur. J’attendais que mes histoires me sauvent de cette course parisienne, des couloirs de métro, des amours déçus, des jobs précaires.
J’avais beaucoup d’espoirs… Trop peut-être ?
J’avais besoin de revenir ici… Où mes premières chroniques sont nées... Dans ces escaliers qui menaient à mon 20m2.
Je retrouve des fantômes, des sensations perdues.
J’avais tant de choses à dire, à écrire. Je pensais que Paris serait toujours le théâtre de mes envies écrivaines.
J’aimais cette jungle étouffante parce qu’elle me rappelait à quel point j’étais vivant et créatif.
Que reste t-il de tout ça aujourd'hui ?
Derrière cette porte close, il est toujours là… Mon petit chez moi dont je ne possède plus la clef.
Qui s’est emparé de son coeur, de son énergie positive ? Est-ce un autre artiste ? Un jeune plein d’espoir ? Combien de temps restera t-il dans ces murs ?
J’aimerai sonner à la porte. J’aimerai rentrer... Mais peut être est-ce une bonne chose que ce souvenir soit désormais fermé à double tour.
C’est étrange de re-parcourir les premiers écrits, les premières interrogations. Je suis bien loin de l’objectif que je me fixais… Je ne suis pas devenu l’homme que j’espérais. Je n’ai même pas écrit ce roman que j’affectionnais tant à l’époque. Pourtant, la route sur laquelle je marche aujourd’hui est belle.
A 31 ans, j’ai affiné mes rêves… Je n’attends d'être sauvé par mon écriture…
Je sais que j’aurai toujours quelque chose à raconter.
Je sais que j’écrirai toujours.
Que je resterai impertinent, révolté, engagé, amoureux, passionné…
Aujourd’hui ma vie n’est pas qu’écriture. Je la consacre aussi à la nature, à préserver les beautés de notre monde. Je suis devenu un homme-sac à dos, un voyageur qui a besoin de peu et qui espère beaucoup pour le monde de demain.
Je ne vivrai probablement jamais de mes écrits. Mais je n’en ai plus rien à faire…
J’écris pour rester vivant et je vis pour ne pas perdre mon temps à écrire du vide.
J’avais besoin de revenir ici… Où mes premières chroniques sont nées.
Jamais je n’aurai pensé les publier un jour.
Aujourd’hui, elles racontent une époque qui ne me ressemble plus.
Elles sont le témoin de mes rêves bouleversés.
J’espère qu’elles aideront les âmes artistes.
Le monde de l’art est un monde fermé.
La caste prétentieuse adore vous rappeler que les portes resteront closes.
Peu importe, ne lâchez rien… Passez par la fenêtre ! Criez au monde qui vous êtes. Ecrivez, chantez, peignez, dessinez, dansez, créez, même pour un, même pour deux, même pour trois, même pour personne.
Soyez l’art que l’on vous refuse !
J’écrivais ces chroniques pour ne pas perdre le fil…
Je ne pensais pas qu’elles deviendraient mon oeuvre maitresse.
Je ne suis plus un auteur perdu… Je ne suis pas pour autant un auteur et je n’affirme pas que j’ai trouvé ma route.
Me voilà autre chose… Une autre personne. Je n’explique plus vraiment la relation que j’entretiens avec l’écriture… Et c’est peut-être ça la réussite de toutes ces années de chroniques !
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