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Photo du rédacteurJulien Gaüzère Auteur

Les Plaines d'Abraham (Chronique #194)


20 juillet 2019,

Les jours passent à Québec et, assurément, ils ne se ressemblent pas. Après plusieurs semaines de longs silences sur mes carnets de notes, voilà que je me remets doucement à écrire. J'ai trouvé mon endroit, mon point de chute, mon sanctuaire... Ce coin de verdure, entre l'ombre et la lumière. Ce coin de verdure perdu dans une étendue d'Histoire : Les Plaines d'Abraham.

Les Plaines d'Abraham, vastes étendues de couleurs et de parfums sur lesquelles l'Histoire s'est endormie.


J'aime venir ici. M'allonger sur l'herbe, admirer Frontenac, le Saint Laurent et écouter les jasettes québécoises.

Mon corps épouse cette terre, je disparais tel un soldat blessé. J'aime cette illusion qui ne dure qu'un instant... celle où je m'efface parmi les asclépiades. Cet instant où je deviens la plaine... où je cesse de respirer pour sentir l'Histoire me dominer.


Les Plaines d'Abraham, vastes étendues de vestiges et de chemins sur lesquelles l'Histoire s'est alourdie.


J'aime la tragédie de ces lieux. Aujourd'hui ils n'en portent plus le manteau. Les plaines ont laissé une large place pour les rires, les jeux enfantins et les premiers baisers. N'y a t-il que moi qui y perçois encore la guerre et les échecs ? En scrutant le ciel, je détricote l'Histoire pour la réécrire à ma manière. Dans mon imaginaire tout semble épique, loin de la courte bataille qui s'est jouée sur cette falaise. J'offre à ce drame, une pointe de romantisme, moi, le soldat couché dans les asclépiades.


Les Plaines d'Abraham, vastes étendues de poésie et de poèmes sur lesquelles l'Histoire s'est embellie.


J'aime la douceur avec laquelle l'été caresse les plaines. Il y fait chaud mais pas trop, venteux juste ce qu'il faut. Le soleil y est un artiste aux multiples talents... Un peintre, un chanteur, un acteur arrogant. On ne voit que lui sur les plaines. Il offre ses couleurs les plus flamboyantes au fleuve, aux arbres et aux valons en fleurs.


Les Plaines d'Abraham, c'est ici désormais que j'aime écrire. Je griffonne, je ré-apprivoise des idées délaissées, des possibilités non explorées. Je ramène à la vie des personnages que j'avais étouffés. J'écris même sur ce soldat, mort et oublié dans les asclépiades. Me voilà à nouveau poète. Médiocre peut-être mais inspiré assurément. Je m'aiguille grâce aux jasettes québécoises. J'entrevois les multiples routes que peut emprunter mon écriture.


Sur un carnet déjà bien rempli, je reviens à la vie.

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