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La Route 155 (Chronique #198)

Photo du rédacteur: Julien Gaüzère AuteurJulien Gaüzère Auteur

14 Septembre 2019,

De très bonne heure, nous avons pris la route, mes parents et moi. Je vais enfin retrouver les paysages qui ont su charmer mon coeur... Aujourd'hui je reviens à La Tuque. Cela fait bien longtemps que j'attends ce moment. Mes parents ont hâte de connaitre ce lieu qui m'a métamorphosé... De mon côté, j'oscille entre joie et appréhension. Mes émotions se mélangent, la seule chose que je sais : c'est que je suis toujours aussi amoureux de ce coin perdu du Québec...

Nous filons avec excitation, exaltations sur la route 155. Les yeux rivés à la fenêtre, j’observe à nouveau des paysages que j’avais quittés trop vite. Je réalise à quel point ils ont hanté mes nuits durant cette longue absence… Ils n’ont cessé d’hurler mon nom à la face d’un clair de lune. Je n’ai cessé d’espérer un retour.


Aujourd’hui le temps est à l’orage. Le Saint Maurice est sombre. Il s’immisce entre les escarpements, les falaises et les ilots qui s’étendent à perte de vue. Les épinettes me scrutent du haut de leur Royaume. Elles n’ont cessé d’hurler mon nom à la face d’un clair de lune. Je n’ai cessé d’espérer les revoir.


Le ciel est menaçant, presque irréel. La pluie s’abat sur la route 155 et son empire. Pourtant la beauté de cette noirceur m’éblouit. Mon cœur s’emballe, il bat au même rythme que les essuie-glaces. Une frénésie bien cadencée pour me permettre de savourer ce retour au pays.

Je réalise à quel point mon cœur battait au ralenti depuis que j’avais fuis ce Pays de la Mauricie.

Qu’ils sont beaux les paysages indomptables de la route 155. Ils semblent s’être affranchis des Hommes et de leur superflu. Ici, « le beau » est authentique… L’authentique est brut, le brut abrupte et l’abrupte, sincère.


Il gronde le ciel qui me ramène sur ces terres. Je me rappelle encore de notre première rencontre. Loin de tout, je pensais être devenu complétement fou. Et j’avais pleinement raison ! Elle était nécessaire la dose de folie qui m’a lié à cette nature. Cette nature qui a donné la parole à la mienne.


Je mentirais si je vous disais que je n’éprouve que du bonheur sur la route 155. Pour vrai, je suis anxieux, un brin nostalgique. Ils sont fous les Hommes qui font la route dans le sens inverse… Je commence même à me demander pourquoi je l’ai eu faite également.


Je rentre au pays m’abreuver de ses sentiments d’infini. Je sais bien qu’à peine bu la liqueur du bonheur, je serais déjà reparti. Comme tous les lâches qui abandonnent leur patrie.

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